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Rouge comme Éros

Myriam

Déjà à la première rencontre le personnage aurait dû m’alerter sur un point. Au moins un ! Elle appartient à la classe des magiciennes. Vous allez me dire que ce n’est pas très loin de la sorcellerie… A vous de juger, je ne saurais me prononcer.

Et je vois en ouvrant ce recueil, une tendresse déposée en couches successives

Elles préparent un avant au voyage, un voyage initiatique

Mes ailes d’anges m’ont été ôtées. Du ciel je suis tombé.

Je veux encore sentir cette chute, me sentir exister,

Vivre et traverser les centuples cadres qui m’ont  brûlé les yeux

Revenons à cette première rencontre. Mon fils était un réfractaire du scolaire et il se plaisait à le montrer dans son refus d’écrire. Enfant il rencontra Myriam, le voici maintenant traducteur. Excusez-moi du peu, mais passer de les mots c’est pour les autres à les mots des autres sont pour moi, si ce n’est pas de la magie !

Mais la femme, par pitié, dites-moi ce qu’elle est devenue ?

Vers quel destin s’échappe-t-elle ? Pourquoi ne se retourne-t-elle pas ?

Me voici assoupi devant mon rêve de miroir, elle me dévisage, crûment.

Je vous sens dubitatif…

Je vois que vous n’avez jamais eu, en tant qu’enseignant spécialisé, à vous coltiner un fils qui n’aime pas l’école !

Mais admettons…

Et ce bleu

Il m’apaise,

Il prépare la plongée,

L’apnée profonde, celle qui mène en sous-sol.

Puis il y a eu LA PIECE. Je remontais tranquillement par la rue du Faubourg Saint-Antoine en compagnie de ma femme et d’une amie. Nous avions rendez-vous avec Myriam, dans un chez elle déplacé. En découvrant la devanture, j’aurais dû me méfier. Allez savoir pourquoi ? Peut-être que les hommes ont cette vantardise qui les rend déraisonnables. Pourtant, la déraison est du côté du sexe faible comme on disait autrefois. Mais que ne dit-on comme semi vérité ? Ce ne sont là que des périphrases qui meurent asséchées.

Des oiseaux en nombre, des oiseaux enchevêtrés !

Ils sont les gardiens de la porte.

Dans leurs becs se prépare une étrange mélopée.

Elle est soyeuse, elle est délicate,

Elle est le fil d’Ariane qu’il vous faudra ne pas lâcher.

L’entrée du labyrinthe comme une gigantesque bouche va s’ingurgiter de vous.

Je pousse la porte, et là, malheur de moi, je suis projeté dans un monde surgissant. Il vous prend au corps, les images quittent le cadre qui les maintenait sagement à distance. Elles se jettent sur le spectateur mal préparé. En matière d’art, pour quelle raison croyez-vous qu’il y ait des cours ! Pour apprendre à reconnaître l’artéfact. Et que les œuvres soient enfermées dans les musées ! Mais pour se prémunir de l’envoûtement. Dans le cas contraire, vous ne pourriez plus mettre les pieds dans la rue sans craindre d’être encorné par le minotaure. Lâchement saisi par le rouge profond qui vient de se marier au noir. Cette conflagration a eu lieu dans LA PIECE, arène ou l’inconscient est saisi lui-même pour lui-même !

L’humain au dos ensorcelé, pris au piège de sa débâcle, vous mène.

Ne croyez-vous pas qu’une silhouette arrachée au corps de l’autre

Devrait n’être qu’un guide de l’ombre ? Un marcheur écorché vif ?

Mais pas cette Pythie qui martèle les mots :

« Je suis en toi, celui qui te regarde de l’intérieur. »

Déshabillé de tout, il ne restait que l’apitoiement.

La troisième rencontre avec la magicienne est le retour de soi dans l’histoire. La rencontre renouée avec les mots oubliés, délaissés par mon fils dans un lieu connu de lui seul. Lire est devenu pour moi une nouvelle expérience depuis elle. Les mots ont la bougeotte, ils ne cessent de sauter de ligne en ligne pour se libérer dans l’arène cérébrale qui tente, vainement, de les contraindre.

Où est le toréador ? Il se croyait maître de l’autel sacrificiel.

Il a simplement été avalé.

L’auroch, écorché, brisé, a rendu dérisoire la présence de l’homme.

Il  ne reste qu’une cape aérienne comme une écharpe jetée du haut de la falaise.

Me voici, cher compagnon de route, au bout du chemin. D’éphémères étirements, écoulements aux brisures alanguies, vont maintenant se charger de vous ramener en la terre des hommes. Celle où le sol sert à poser les pieds. Vous n’aurez à vous soucier de rien, les couleurs, égayées par ce bleu outremer jetteront de l’éclat fastueux dans vos yeux. Le réveil sera doux et agréable.

NE VOUS SOUCIEZ PLUS DE RIEN, VOUS ETES ENFIN DE RETOUR

Quatrième de couverture

Blog de Myriam Amoros

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