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Pour le prix d’un ticket de métro !

Je vous propose des impressions diffuses qui je l’espère de tout cœur vous inviteront à vous perdre dans les dédales du recueil ‘Dans le murmure des limbes’ de Myriam Amoros que j’embrasse tendrement et que je remercie pour ce passage par les coulisses du métropolitain comme on disait d’antan.

Je voulais juste sortir de chez moi,
Prendre l’air et voir du monde.
Aussi ai-je pris le métro page à page.
Au premier arrêt, non pas le peuple de Paris,
Mais des insectes de la hauteur d’un homme.
Ils grouillent autour de moi et m’appellent par la bouche.
Horrifié,
Je délaisse le quai pour l’arrêt suivant.
Me voici immergé dans la foule déferlante,
Encore vivant,
Arrive la vague d’êtres ubuesques.
Et lui, seul, à l’œil mauvais,
Et le défilement incessant qui égrène le temps.
Atome par atome, je me désagrège.
Heureusement, il reste suffisamment de moi,
Qui poursuit ce voyage effrayant.
Enfin, je croisais l’amour,
L’amour avec sa langue se délectant
D’exhalaisons alcooliques.
Qui de toi ou de moi empoigna l’autre ?
Pour une étreinte corps à corps,
Organes à organes,
Dans la mécanique du rail.
Mais les mots éparpillés sur la page se disloquent,
Et deviennent univers expansif.
La rame me rejoint et me happe.
Et d’un même mouvement enlève un homme,
Posé là, qui déraille.
Un être en partance.
Mais pour quelle galaxie oubliée de tous les apôtres ?
Sous la ville, trépassent les êtres et leurs idées noires,
Pendant que d’autres sont enlevés d’un courant d’air.
Les voici arrachés de l’espace,
Jetés à pleines bouchées dans les boyaux du monde.
Qui les digère ?
Noyé dans de sombres présages,
J’ose encore une pensée pour ce quai inachevé.
Un énième déversoir ?
Un sigle énigmatique me sort de ma torpeur :
S.E.P.
Il scintille et s’éclipse, il m’annonce à toi.
Il est ce marquage qui délimite l’horreur de ne pas t’apercevoir.
Telle que tu es.
Et les mots, dispersés à nouveau, fuient dans le lointain,
Ils s’absorbent vers le néant et reviennent se bien ranger.
Les mots se hurlent les uns aux autres une symphonie de dissonances.
Tout cela n’est que poudre de perlimpinpin jetée à l’œil glauque.
Ainsi, l’œil ne voit pas l’ombre déposant un repos de sable.
Il ne voit pas non plus ce citronnier aux feuilles si vertes qu’elles éclatent,
Ni ce mandarinier qui attire à lui les lèvres avides.
Je m’étais seulement perdu dans le ventre du labyrinthe erratique.
Je croyais au moins y retrouver mon âme d’enfant,
Je n’y ai découvert qu’un terrible aurochs aux yeux de braises.
Il m’attendait, sagement calfeutré au sein du gynécée.

Quatrième de couverture