Première partie :

Dans la grande pièce commune, la mariée fit un tour sur elle-même puis se baissa pour ramasser les fleurs jonchant le sol. Le petit matin pointait son nez par-dessus l’horizon. Les éclats du soleil perçaient à peine au travers de la pinède. Une poignée de convives finissaient une discussion où philosophie et politique se mêlaient aux vapeurs alcooliques. Les uns cherchaient à ressortir des propos entendus ailleurs pendant que les autres tentaient de justifier un point de vue dans un flot de paroles à peine cohérentes. Maurepas avait depuis longtemps perdu la douce euphorie que procure le vin. A ses côtés, un imbécile, enfin tombé de sa chaise, termina sa chute dans un sommeil comateux. La mariée apparut sortant de la grande bâtisse. Elle était belle dans ses habits de noces. Le blanc lui seyait à merveille. Une large ceinture de tissu soulignait délicatement sa taille. Elle vit Maurepas. Un sourire beau, lumineux, embellit son visage. Elle était radieuse. La fatigue n’avait pas d’emprise sur sa beauté. Maurepas la regarda approcher. Il se délectait de ce moment. De ce dernier instant avec elle.

Elle ramassa sa traîne dans la main gauche, elle fit virevolter sa robe. Ses cheveux longs s’entortillèrent autour de son cou. Puis dans un mouvement inverse, ils retrouvèrent leur position initiale. Elle tendit sa main droite. Maurepas prit cette petite main délicate dans sa grosse paluche de manouvrier. La rugosité et les cals s’effacèrent pour laisser passer la tendresse de cette simple main, posée dans le creux de la sienne. Elle le tira légèrement en avant. Il résista. 

– Allez, lève-toi, tu n’as pas dansé une seule fois.

– Il n’y a plus de musique, commença à dire Maurepas tout en entamant un premier tour de valse.

– Selon la tradition de notre village, le frère du marié doit la dernière danse à la mariée. 

– Tu inventes n’importe quoi. Ça n’a jamais existé cette histoire.