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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Terre de feu : cinquième partie

Episode 70

Ils avancèrent au travers d’une épaisse brume. Maurepas essayait de deviner le chemin qu’il empruntait. La place de la mairie était plus en hauteur et maintenant, ils descendaient. Il s’imagina approcher du lavoir pour rejoindre l’ancienne voie romaine qui menait à l’aqueduc. A moins qu’ils ne soient sur le sentier qui menait aux campagnes en contrebas. Mais il ne voyait pas pour quelle raison ils auraient suivi ces deux pistes. Les chevaux firent une pause, au même moment, les nuages qui étaient piégés dans la nasse formée par le fond de vallée, s’échappèrent le long des pentes du mont Viale, découvrant le cimetière du village où tous les habitants étaient réunis. Ils ouvraient des yeux ébahis en découvrant Maurepas sur son cheval. Isabelle était en tenue de deuil, derrière elle, toute sa famille l’accompagnait, le curé s’était placé sur le côté, avec le bedeau à sa droite et les enfants de chœur à sa gauche. En voyant Maurepas descendre de son cheval, il se signa et tous firent de même.

Lucas regarda Paille avant de délaisser sa monture. Un temps après, Paille descendit de cheval et se plaça à côté de Maurepas. Lucas s’avança au bord du trou au fond duquel se trouvait un cercueil, le sien. Il s’assit et attendit.

– Il faut que tu l’aides, il n’ira pas tout seul, c’est à toi de le guider.

Maurepas dévisagea Paille, et les larmes coulèrent sur ses joues.

– Mais puisqu’il…

– Ne complique pas, c’est plus difficile pour lui que pour toi !

Pour la première fois, Maurepas remarqua la pierre tombale. On avait inscrit « mort pour la France dans les Dardanelles » au-dessus, il y avait le nom et le prénom de son frère.

– Comment se peut-il qu’il soit mort loin de son village, la malédiction…

– Si tu es allé à sa recherche si loin de chez-toi, c’est bien que tu te doutais un peu.

– Je me doutais de quoi…

Paille ne répondit pas, mais il prit la main de Maurepas et l’accompagna jusqu’au bord de la tombe. D’un signe de la tête, il lui fit comprendre qu’il devait y aller.

Sous le regard effaré de tous, Maurepas descendit dans la fosse. Isabelle voulut l’en empêcher, mais sa sœur cadette la retint. Pas une personne dans la petite foule assemblée là ne bougea. Maurepas souleva le couvercle du cercueil, il tendit la main en direction de Lucas, lequel se laissa guider jusqu’à l’intérieur de sa tombe, il entre dans le cercueil, y prit place. Maurepas se pencha sur lui et l’embrassa sur la bouche, puis il fit glisser le couvercle jusqu’à ce qu’il retrouve sa position. Avec l’aide de Paille, il remonta.

Paille défit son ceinturon dans lequel se trouvait les pièces d’or et il le jeta dans la tombe.

– Mais ce sont les pièces d’or du petit garçon et tu avais promis…

– J’avais promis de les lui rendre, c’est fait.

Maurepas ouvrit la bouche pour protester, mais Paille avait disparu et son cheval aussi.

On entendit Garaga murmurer « C’est un étranger qu’on met dans notre terre ! ». Maurepas traversa la foule, poussa le maire qui tentait de s’interposer et il frappa Garaga si fortement que celui-ci s’étala de tout son long en basculant en arrière.

– Tu sais ce qu’ils te disent les étrangers ! hurla Maurepas.

Tous les paysans assemblés là, pensaient que Maurepas était devenu fou, mais pas un n’osa prononcer cette sentence à haute voix. Maurepas embrassa Isabelle et Madeleine, salua ses parents, cracha aux pieds du curé qui se signa à nouveau. Le bedeau, recula d’un pas et les enfants de cœur se réfugièrent derrière le prêtre. Il monta sur son cheval et prit le chemin des écarts, il avait une dernière personne à voir avant de quitter son village pour toujours.

Maurice l’attendait assis sur son billot, devant son mas à l’ombre de l’auvent.

– Te v’là enfin !

Pourquoi as-tu tenté de me tuer avec ta carabine avant que je parte pour les Dardanelles ?

– J’étais furieux, t’avais marché sur mes terres et les Maurepas, c’est une sale engeance !

– Tu me racontes pas la vérité, c’était pas la première fois que je passais sur tes terres et tu le savais très bien. Et c’est pas nouveau que t’aime pas les Maurepas. Alors !

– Je voulais savoir. Avant que tu partes chercher ton frère qu’est même pas ton frère !

– Tu étais au courant pour lui.

– T’étais bien le seul avec Isabelle et Madeleine à ne pas connaître la vérité. Ton père, il a volé un enfant sur la route de Saint-Cernin, en redescendant des gorges. T’avais cinq ans, mais tu aurais pu deviner, ta mère, elle n’a même pas eu le ballon !

– Ça dit pas pourquoi t’as voulu me trouer la panse !

– Je voulais savoir, pour la malédiction ! Je t’avais dans le viseur, je jure que c’est vrai. La preuve le miroir qu’était placé derrière toi a volé en éclats. Mais c’est Petit Pierre, mon seul ami qu’est mort, il était à trois pas sur ta gauche, c’était impossible qu’il soit touché. Alors c’est la preuve !

– La preuve de quoi ?

– La preuve que t’es une descendance du diable, que t’es le résultat d’un mariage et de funérailles en même temps ! Ton grand-père, cette ordure, a marié Gamine en la ressortant de sa tombe et ça a donné naissance à un monstre, toi !

– Mais mon père et ma mère, c’est eux qui m’ont…

– Ta mère, elle est inféconde. Ton père, il s’est pourtant donné du mal, mais rien n’y a fait ! Rien n’est sorti de son ventre. Maintenant que t’es monté une dernière fois pour me rendre visite, tu peux foutre le camp, parce que j’ai appris aussi une chose, les Ecarts n’ont jamais fait partie de ce putain de village de ploucs ! Et si tu restes, tu me trouveras toujours sur ton chemin avec mon fusil !

Maurepas grimpa sur son cheval.

– Je te laisse ma ferme et mes terres, je te dois bien ça. Si t’en fais rien, donne-les à un miséreux.

Maurepas préféra prendre par la piste afin de ne pas avoir à repasser par le village. Il déboucha derrière la gare. Il s’avança jusqu’au pont qui enjambait la Girance. Il hésita un moment, puis il fit demi-tour. La route filait toute droite en suivant la rivière jusqu’à la mer. Il partit tranquillement au trot, il croisa une femme qu’il eut de la peine à reconnaître. Il s’arrêta, revint sur ses pas.

– Myriam, qu’est-ce que tu fais ici ?

– Je cherche le village de Maloin.

– Tu es pratiquement arrivée. Dans pas longtemps tu verras un pont, prends-le, la route de l’autre côté te mènera là-haut.

– Merci.

Maurepas reprit sa route, il retourna.

– Tu salueras Solange de ma part !

– Je n’y manquerai pas.

FIN

 

Et voilà, c’est la fin. Vous n’aurez plus l’occasion d’avoir la série de bisous aussi, pour cette dernière, j’envoie une cargaison de bisous à toute la communauté intergalactique, et même à Zorglub, que finalement, il a bon fond.

Bref, j’espère que vous avez passé un bon moment avec Maurepas, n’hésitez pas à me laisser un petit mot…