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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Vent  debout : cinquième partie

Episode 53

Très vite, le chariot arriva dans la partie la plus pentue de la route. Les anciens villageois avaient l’habitude, avant d’entamer la descente, de vérifier scrupuleusement les freins qui venaient se serrer sur le cerclage métallique. Après le premier virage, l’inclinaison n’était plus aussi forte, il fallait donc maintenir une vitesse réduite jusque-là. Mais Isabelle n’avait pas pris la moindre précaution, elle avait lancé l’attelage à tombeau ouvert dans le chemin. La peur du cheval s’alimentait à celle qui conduisait le chariot, et celle d’Isabelle augmentait d’autant, ce qui faisait qu’on ne savait plus qui avait peur de quoi. Le virage, dont le côté droit était pour partie effondré, arriva bien trop vite. Isabelle dans un sursaut vital, se saisit des rênes et tira en arrière de toutes ses forces, mais il était trop tard. Elle tenta de freiner en resserrant la mâchoire du frein du plus fort qu’elle put. Cela eu pour effet malencontreux de faire déraper l’attelage vers le côté précipice. Elle comprit son erreur et relâcha la pression jusqu’à ce que la carriole se replace dans l’axe. La vitesse demeurait trop élevée, elle n’eut d’autre choix que de laisser l’attelage s’engouffrer dans la petite sente qui filait à flanc de coteau pour rejoindre les anciennes campagnes. La charrette percuta le bas-côté envoyant sa passagère voltiger dans les airs.

La lumière était atténuée par les rideaux épais qui protégeaient sa chambre d’enfant. Isabelle fut toute étonnée de se trouver dans son lit, en chemise de nuit. Elle fut ravie de ce mauvais rêve qu’elle venait de faire et s’amusa à en revivre les derniers instants. Le plaisir le plus grand fut celui de revoir cette vieille sorcière qui était venue hanter sa nuit. Elle se leva pour aller prendre son petit-déjeuner. Elle appela. Personne n’était présent dans la maison, ni ses parents, ni Madeleine sa petite sœur. Sur la table de la cuisine, il y avait un pot de confiture, un bon morceau de pain dans une poche en tissu, sur la plaque en fonte attendait un pot de café que l’on laissait réchauffer. Le beurre était dans l’escalier qui menait à la cave, sur une étagère avec le fromage. Elle se coupa un morceau de fromage de chèvre et s’empara du beurre. La porte de la cuisine n’était pas fermée, l’entrée était seulement protégée par des bandelettes de plastiques qui empêchaient les mouches de pénétrer. Elle étala le fromage sur une tranche de pain, sortit dehors pour prendre le frais.

Sur le pavage de la cour, se trouvait la carriole mise en morceaux. Elle chercha des yeux le cheval qui avait son enclos dans lequel il pouvait gambader librement. L’homme d’entretien voyant Isabelle, se découvrit et la salua.

– Qu’est-il arrivé à notre chariot ?

L’homme ne sut tout d’abord que répondre. Dans sa main gauche, il tenait un marteau et dans l’autre, il serrait un burin avec l’intention de s’attaquer au cerclage en fer de l’une des roues qui était totalement faussée.

– Madame ne se souvient de rien ?

– Et notre cheval ?

– Il est dans la Girance et il s’en est fallu d’un rien que tu y sois aussi.

Isabelle se retourna pour faire face à son père qui venait de sortir de l’atelier.

–  Antoine, veux-tu bien nous laisser, j’ai à parler avec ma fille.

L’homme salua en s’inclinant, remit sa casquette avant de partir rapidement sur l’arrière de la maison où l’attendait son travail d’entretien du potager.

– Peux-tu m’expliquer ce que tu es allée faire au village abandonné ? Tu as de la chance qu’Antoine t’ait aperçue en rentrant de la gare et qu’il ait eu la bonne idée de m’en parler. Tu aurais pu rester des mois avant que quelqu’un ait l’idée de venir par là.

– Je suis allée voir la sorcière, pardon, je voulais dire Marie Louise Tournau.

Le père d’Isabelle dévisagea sa fille comme s’il avait affaire à une demeurée.

– Mais elle est morte depuis belle lurette. C’est le fils Garaga qui l’a trouvée en allant récupérer une poutre. Elle était desséchée par le temps, on aurait dit une momie.

– Je lui ai parlé comme je te parle.

– C’est impossible…

– Elle m’a dit que Solange s’était jetée du pont !

Le père d’Isabelle la fixa d’un regard étrange. Il essayait de démêler le vrai du faux. Et il n’aimait pas la façon dont sa fille lui parlait. Elle avait un ton qui heurtait ses oreilles.

– Qu’est-ce qu’elle a dit Isabelle ? intervint Madeleine que personne n’avait vu arriver. Elle avait une capacité à se déplacer sans faire de bruit qui surprenait tout le monde et elle aimait s’en amuser.

– Rien, elle ne dit rien, et puis cesse de nous surprendre avec ta façon de te mouvoir, va dans ta chambre.

– Papa, Madeleine n’est plus une enfant, elle est en âge de se marier et je veux qu’elle entende ce que j’ai à dire !

Le soleil brille, il y a encore des petites fleurs un peu partout, les bouteilles en plastique poussent à foison ainsi que les jolis masques bleutés, c’est une fête de tous les jours dont on ne se lasse jamais. Parois, de petites cannettes multicolores égaye la nature. C’est à vous donner la bucolique journalière ! Et hop la bise supersonique… ça  c’est pour les amateurs de sciences fiction !

Vent debout : épisode 54