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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

L’histoire de Paille : cinquième partie

 

Episode 47

Les paroles de Maurepas firent sortir le groupe de sa torpeur. Boris se tourna vers Thérèse qui elle-même fixa Valentin. Solange s’approcha de Maurepas pendant qu’Ivelina semblait s’éveiller d’un long sommeil. Tous attendaient la suite, elle ne tarda pas à arriver.

– Je pars les chercher, vous ne m’attendez pas, Ivelina vous guidera, on se retrouve à la sortie de la ville.

La jeune Bulgare parla avec Thérèse. Maurepas s’impatientait.

– Que veut-elle ?

– Elle dit que nous pouvons nous débrouiller sans elle, le plus dur est fait. La ruelle contourne les quartiers centraux et nous passerons inaperçus. Elle vient avec toi et moi aussi, sinon tu ne comprendras rien à ce qu’elle te dira.

Maurepas voulut protester, expliquer qu’en tant que chef de groupe, c’était à lui qu’incombait la tâche de sauver ses camarades. A part les murs crasseux qui s’élevaient à bonne hauteur, personne d’autre ne s’intéressa à son discours. Ivelina et Thérèse étaient déjà parties, il dut courir pour les rejoindre.

– J’ai dit que…

Thérèse était en grande conversation avec Ivelina, Maurepas n’aurait pas été présent que cela n’eut pas fait de différence.

– Que raconte-t-elle, finit-il par demander, dépité.

– La police possède une petite bâtisse dans laquelle elle garde les détenus en attendant que la garde les prenne en charge. Il faut faire vite et arrêter de poser des questions idiotes.

Maurepas aurait bien protesté, mais il sentit qu’il allait perdre son temps. Il suivit les deux femmes dans l’enchevêtrement de ruelles toutes plus puantes les unes que les autres, à croire que les habitants faisaient leurs besoins directement dans la rigole qui s’écoulait péniblement en son centre.

Très vite, Maurepas fut incapable de s’orienter dans ce dédale de voies qui se croisaient en tous sens. Lâché en ce lieu, il n’aurait pu retrouver son chemin pour fuir cette partie nauséabonde de la ville.

Tout à coup, Ivelina leva le bras pour faire signe de stopper.

– C’est ici, murmura Thérèse traduisant les paroles chuchotées de la jeune souillon.

– Comment procède-t-on ?

– Elle a dit d’attendre, elle va rentrer se renseigner. Elle connaît un des officiers, s’il est là, elle pourra parlementer avec lui.

Ivelina sourit à Maurepas pour le rassurer, ce qui eut l’effet inverse. Il sentait que les négociations n’allaient pas être si simples. Il vérifia la présence de son couteau dans la ceinture de son pantalon ainsi que le sabre qu’il planquait dans son long manteau en cuir.

Ivelina s’éloigna, pénétra dans la salle principale mal éclairée. Il y eut une série d’échanges. Maurepas n’eut pas besoin de la traduction pour comprendre que tout ne se passait pas comme prévu. Ivelina ressortit de la salle de garde, se dirigea vers Maurepas, passa son bras sous la veste, en un tournemain, elle se saisit du sabre et du couteau. Maurepas ne comprit pas tout suite quelle était l’intention de la fille. Il avait même cru qu’elle allait le prendre dans ses bras pour le consoler. De quoi, était la question qu’il était encore en train de se poser quand Ivelina entrait à nouveau dans la salle. Cinq hommes armés y étaient assis autour d’une table. Elle égorgea le premier, transperça le plus gros qui émit un soupir comme s’il était déçu de n’avoir pas pu terminer sa chopine. Les trois autres se levèrent, dégainant leur pistolet. Ivelina pivota sur elle-même, attrapa la lampe-tempête et dans une danse lascive répandit son contenu sur le sol puis enflamma le tout. Les tirs résonnaient encore lorsque Paille et Pivoine quittaient les lieux. Maurepas put distinguer dans la fumée qu’un des hommes avait le ventre ouvert, un autre avait la tête curieusement inclinée vers l’arrière, quant au troisième, Ivelina s’était jetée sur lui et lui arrachait la peau du cou en refermant sa puissante mâchoire. Le pauvre homme se débattait tant qu’il pouvait essayant de se défaire de cette Goule. Pendant ce temps le feu prenait de plus en plus. S’en prenant à la chevelure, ou bien aux habits. Telle une torche vivante, les cheveux en feu, Ivelina s’extrait des flammes pour courir se jeter dans la fontaine. Lorsqu’elle en ressortit, ses cheveux n’étaient plus qu’une masse informe noircie, ses vêtements avaient pris une teinte grise et son visage était recouvert de suie. Mais elle était vivante. A peine debout, elle fit un geste de la main, invitant à la suivre.

– Elle dit qu’il ne faut pas traîner ici, les soldats ne vont pas tarder !

Maurepas dévisagea Ivelina, intrigué par cette femme toute menue. Pour la première fois, il réalisa qu’elle était belle, qu’elle possédait une force de caractère qui le laissa pantois.

L’auteur tient lui-même à se rassurer sur sa santé mentale, mais il n’y arrive pas, car il y a un malotru qui se mêle à la discussion. Heureusement qu’il y a la bise, sinon on pourrait penser que le monde s’inverse. Au fait, double bise, puisque hier, l’un de nous deux a oublié de la faire à l’autre…

 

L’histoire de Paille : épisode 48