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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Vent fort : cinquième partie

 

Episode 42

Le groupe des cavaliers filait bon train en direction Pojate, leur prochaine étape, dans la vallée de la Morava. D’un côté du chemin, ils côtoyaient de magnifiques collines boisées tandis que sur l’autre une enfilade d’étangs reflétait un ciel d’azur. Au loin, on pouvait deviner les contreforts des Carpates, mais pour le moment, l’étendue de la plaine courait à perte de vue.

Maurepas s’approcha de Solange qui pour une fois, chevauchait en arrière. Il resta à sa hauteur un moment, ne sachant pas trop comment aborder la question qui le turlupinait depuis le départ.

– Qu’est-ce que tu veux ? finit par dire Solange. Si c’est pour hier soir, je suis restée à parler avec Petit Pierre. Nous avons évoqué le temps passé tout en terminant nos verres.

Oui, c’était bien la question qui taraudait l’esprit de Maurepas. Vexé par la mauvaise humeur de Solange, il préféra rester silencieux et s’éloigner. Boris qui était suffisamment proche pour avoir entendu l’échange se présenta à droite de Solange.

– Tu ne lui as pas tout raconté. Petit Pierre est remonté tout seul se coucher.

– Je sais bien, mais je peux pas tout lui dire.

– Il se doute.

– Je sais, mais je préfère qu’il reste avec ses doutes. Pour le moment, il faut qu’il garde l’esprit clair. Son frère est sa priorité.

Ils continuèrent à chevaucher ensemble un bon moment, observant le paysage que la distance muait invariablement en une répétition de vignes, des cultures de blé et de courtes forêts. Ils n’avaient croisé personne sur leur chemin et n’eurent pas à subir le rituel des paysans inquiets face à ce qu’ils ne comprenaient pas. Peut-être que la rumeur les précédait, surtout depuis que Paille était de retour avec son cheval effrayant. Les pauvres devaient y voir l’incarnation du diable en personne. Pour ajouter à la peur, Paille avait pris l’habitude de se placer en tête, ouvrait la marche de ce carnaval infernal.

– As-tu aimé ça, demanda Boris, toujours à la droite de Solange.

Elle se tourna vers lui, le regarda intensément.

– Oui.

– C’était la première fois, n’est-ce pas ?

Solange confirma d’un mouvement de la tête.

– Tu es bien tombée, Mariama sait y faire.

– Comment peux-tu le savoir ?

– La façon dont elle t’a approchée. Tranquillement. Elle a pris soin de ne pas t’effrayer. Elle a su attendre le bon moment.

– Tu veux dire le moment où j’étais ivre !

– Pas le moins du monde. Au contraire, si tel avait été le cas, elle n’aurait rien tenté.

– Je l’ai aimée et elle me manque déjà. Je ne devrais pas raconter ça, mais à toi, je peux.

– Que va penser Maurepas quand il saura ?

– Je crois que j’en n’ai rien à faire. Pendant ses aventures avec les bateaux, il en a pris du bon temps. Moi, je me morfondais en l’attendant. S’il avait été plus malin, à l’heure actuelle, nous serions mariés et j’aurais de beaux enfants.

– Je ne pensais pas que tu lui en voulais à ce point.

– Je ne lui en veux pas, il n’a pas été très heureux avec ses idées de mers et d’océans. Je le sens bien. Il n’en parle pas et quand il le fait, c’est sans joie.

Très loin, là où se confondait l’horizon avec le ciel, une montagne venait trancher ce décor et rappelait que le plateau finirait à un moment ou un autre. Petit Pierre s’était arrêté sur le bas-côté, il était entré dans les vignes.

– Je ne sais pas pour quelle raison il fait ça. Dit Solange.

– C’est plus fort que lui, son esprit paysan qui ressort. Il vérifie l’état du raisin pour voir s’il fera du bon vin.

– Et puis je ne la reverrai jamais.

– A ta place, je ne miserais pas un kopeck sur une telle affirmation. Mariama n’a aucune attache, elle pourrait te surprendre et dans ce cas-là, il faudra que Maurepas apprenne à céder sa place de temps à autre, sinon plus. Car il me semble que tu as pris goût à la Mariama et que ce plaisir est partagé, largement. Pour une fois, ce n’est pas Maurepas qui a eu à payer le prix de notre passage.

– Qui sait, si ce que tu dis est vrai, il pourrait le regretter amèrement.

– S’il est malin, il n’aura pas à le regretter, car tu l’aimes aussi et plus que tu ne le laisses paraître. Avoir deux amours, il n’y a rien de plus beau !

– Si tu le dis.

« Le bisou, le bisou ! »

Bon d’accord.

« On t’aime, on t’aime ! »

Moi aussi, je vous aime.

« La suite, la suite ! »

Bon d’accord…

C’est fou, la célébrité, ça vous tombe dessus d’un coup d’un seul, sans prévenir, au moment où on s’y attend le moins ! J’avais même pas mis mon costume de pingouin…

L’histoire de Paille : épisode 43