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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Vent fort : cinquième partie

 

Episode 39

Maurepas bougonnait tout seul sur son cheval. Il était fâché contre la terre entière. Il en voulait à ses compagnons de route de l’avoir abandonné lâchement. Il oubliait que s’il s’était retrouvé dans cette situation, c’était principalement de sa faute. Il maudissait le vieux pour l’avoir roulé et il maudissait son cheval qu’il aurait dû abandonner à son triste sort. Au moins il aurait toujours en sa possession son argent, son trésor, le trésor des Maurepas. Il se gardait bien de conclure par l’inévitable. Accompagné de sa cagnotte, mais sans cheval, il serait mort sous peu, même avec la gourde d’eau fraîche que lui avait laissée le vieil ermite.

Maurepas cherchait aussi à comprendre comment il était possible qu’il soit tombé par hasard sur un bonhomme isolé en pleine forêt perdu dans les dénivellations qui se succédaient les unes aux autres. Et comment pouvait-il savoir pour l’or et aussi ce qui s’était passé avec les paysans. D’ailleurs lui-même n’en savait rien, tout ce dont il avait été témoin concernait les détonations. Mais au fond de lui-même, il se doutait que les évènements avaient été plus violents qu’il n’osait se l’avouer.

Tout en entamant la grimpée par la sente qui se faufilait parmi les rochers, il repensait au moment où il avait quitté la grotte en compagnie de l’ermite. Le chemin qui était si près et pourtant si inaccessible. Le cheval, son cheval qui attendait là comme si tout était normal, comme si on le lui avait sorti d’un relais de poste et qu’un valet avait guidé l’animal jusqu’à son maître.

Très vite, son esprit dut se concentrer sur les difficultés qui rendaient le sentier peu praticable. Depuis des heures, il grimpait, heureusement que sa puissante monture ne paraissait pas gênée par l’effort. La moiteur avait disparu pour laisser place à un air glacial et un brouillard si épais qu’on n’y voyait pas à dix pas. Maurepas n’avait aucun moyen de se repérer. Allait-il vers l’ouest, ou bien le nord, il n’en savait rien. Il devait se fier à la parole du vieil homme. Vieil homme qui s’était joué de lui.

Au détour d’une énorme roche, arrivée là on ne savait comment, un bruissement se fit entendre. Le cheval stoppa net sa progression, il dressa les oreilles, se leva sur ses pattes arrière et envoya les pattes avant à bonne hauteur.

– Hue, calme l’ami, calme, cria Maurepas qui faillit être désarçonné par le mouvement brusque du cheval.

L’animal ne bougeait plus. Dans une immobilité parfaite, il attendait. Maurepas voulut l’éperonner, mais cette fois, la ruade l’envoya au sol. Un cri rauque et caverneux perça le silence de la brume. Le cheval recula, laissant Maurepas se dépêtrer dans les ronciers qui bordaient le chemin. Il eut beaucoup de mal à enjamber les épaisses branches aux épines acérées. Heureusement, le pantalon épais et le manteau de cuir le protégeaient efficacement. Au sortir du remblai, il se figea d’un coup. Il porta la main à l’arrière de son pantalon pour se saisir de son couteau de chasse. Il regretta d’avoir laissé la carabine fixée sur la selle au lieu de la porter en bandoulière. Dans des endroits aussi sauvages, il savait pourtant la conduite à tenir. Dans son pays, lorsqu’il coupait à travers le Bréhou où les sangliers sauvages déboulaient sans prévenir, qu’il soit à cheval ou bien à pied, jamais il n’aurait délaissé son arme.

Devant lui, sur ses pattes arrières, un ours imposant d’une puissance incroyable. Maurepas n’eut que le temps de jeter sur le sol pour éviter autant que possible le coup de patte. Il atterrit à quelques mètres en contrebas. Son couteau lui avait échappé, il était totalement désarmé. Mais à quoi aurait pu lui servir une arme ridicule face à la violence de l’animal. Dressé de toute sa hauteur, il avançait vers Maurepas, qui reculait sans trop savoir sur quoi il marchait et surtout si ses appuis étaient suffisamment solides. Solides pour pouvoir décamper dès qu’il trouverait un endroit accessible. Mais le dévers jouait contre lui et l’ours lui barrait la route qui lui aurait permis de contourner le rocher. Ainsi, il aurait gagné un peu de temps, mais un peu de temps avant quoi. Il recula encore tout en tournant légèrement la tête, mais sans quitter la bête des yeux. Derrière lui un arbre au tronc épais, il était acculé. La dernière chance qui lui restait était donc de feinter l’animal sur sa gauche en se glissant sous sa patte, avant qu’elle ne le cueille et ne lui arrache le visage. Il se campa sur ses jambes, enfonça ses bottes dans le sol et il se prépara à prendre un élan suffisant pour tenter de surprendre l’animal qui paraissait intrigué par le comportement étrange de sa proie. D’un coup, Maurepas se jeta en avant, malheureusement son pied arrière ripa et il s’étala de tout son long. Etait-ce la peur qui altérait ses facultés, ou bien l’incongruité de la situation, mais il lui semblait que l’animal avait affiché un air moqueur. L’impression ne dura que le temps pour l’ours de fondre sur Maurepas pour en faire son repas.

 Qu’est-ce qui me dit que l’ami JYZ n’est pas un alien né ? Hein, je vous le donne Emile qui qui me l’dit ? Plus j’écoute dans la vallée le son du tromblon, plus je doute ! Bon, une bise quand même…

vent fort : épisode 40