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Fraîcheur matinale

Une invitation à bord de mon voilier.

Histoire courte d’un voyage maritime qui porte le signe de l’étrange et de la rencontre.

Erik, éternel bougon a perdu son monde d’avant et découvre un nouveau monde inexploré.

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Chapitre 1

Erik, c’est mon prénom !

Drôle de prénom pour un type né dans le nord de la banlieue parisienne. Celle des vilains garnements qui brûlent des voitures juste pour rire. Ou bien par amitié avec la violence, violence qui leur est consubstantielle selon les journalistes bien informés. Surtout auprès de sources policières et qui oublient de faire leur travail de critique et d’analyse. Mais là n’est plus la question, j’ai quitté les jolies forêts du parc de la Courneuve, délaissant les nombreuses fêtes de l’Huma, merguez et saucisses sur bulletin d’adhésion. Ma femme ne voulait pas partir à cause des enfants, deux charmantes filles installées au cœur de Paris. Mais depuis, elles ont déserté ces contrées que la bourgeoisie a accaparées pour, l’une, partir en Nouvelle Calédonie et l’autre, dans les forêts du Chiapas avec les révolutionnaires zapatistes. Inutile de préciser que pour leur rendre visite, il est nécessaire de prévoir un peu à l’avance et qu’on n’y va pas toutes les semaines.

Avant que les filles ne décident de tenter l’aventure loin de la banlieue dite rouge, ma femme est décédée. Il ne reste que moi. Elle m’avait prévenu, sans moi tu es perdu. Elle avait raison, comme toujours.

Alors, perdu pour perdu, j’ai tout vendu et je suis parti m’installer dans une petite maison, anciennement de pêcheur, mais très anciennement ! J’ai trouvé cette affaire à retaper pour pas cher. Je dois toujours me mettre au travail, mais à force de dire « je commence demain », les années ont passé et elle est toujours dans le même état. Ce qui fait dire à mon lointain voisin, « T’es un vrai clodo ! »

J’ai aussi investi dans la marine à voile. Je suis l’heureux propriétaire d’un voilier de huit mètres cinquante équipé à l’ancienne. J’ai quand même dépensé des sous pour un pilote automatique et quelques winches, car je me fais vieux et je porte avec difficulté ma soixantaine passée. Mon voisin de village et seul ami ne cesse de me répéter « T’es un vieux con ! » lorsqu’il essaye de me convaincre du bien fondé de ses idées.

Lui est un anarchiste tendance trotskiste et moi, un anar tendance George Brassens. On est fait pour ne pas s’entendre et pourtant on se côtoie depuis que j’ai débarqué à Banastère. Il habite de l’autre côté du pont, Le Tour du Parc, près de l’église Saint-Vincent-Ferrier. Notre première rencontre a commencé par une engueulade, je m’étais trompé de bouée pour accrocher ma barcasse. On s’est attrapés par le polo, on s’est secoués comme des pruniers, il s’est pris les pieds dans le cordage et on est tombés tous les deux dans dix centimètres d’eau sous le regard amusé de deux mômes, trois ans à peine. On s’est terminés au bar jusqu’à la fermeture. Le patron nous a foutus dehors en nous proposant d’aller cuver ailleurs. J’avais une bonne bouteille sur mon voilier, on a pris la barcasse, on n’a jamais réussi à grimper sur le bateau. Nous avons passé la nuit à roupiller entassés comme de vieilles serpillières.

iNFORMATIONS

Nombre de pages : 51

Quelques personnages

Erik

Il s’est installé à Penvins après la mort de sa femme, Marie. Il y navigue sur le Courneuvien, nom qui vient de ses origines banlieusardes.

Simon, dit Le Ché,

Il est l’ami d’Erik et le supporte tant bien que mal.

Les personnages du port de Pénerf

Parmi eux on trouve le capitaine, le Kénec, qui croisent régulièrement Erik et finiront par devenir des amis.

Pour les autres personnages, je vous laisse les découvrir au fur et à mesure de la lecture. On en trouvera certains qui seront amenés à partager la vie d’Erik d’une façon étrange…

EXEMPLES DE MISE EN Page

Vous vous embarquez pour une navigation à vue, ne perdez pas le nord.

Olivier ISSAURAT

Ni dieu ni maître