Sélectionner une page

 624 Nombre de vues totales,  2 Vues du jour

SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Terre de feu : cinquième partie

Episode 69

La route qui menait au village grimpait d’un coup après le petit pont en ferraille. Maurepas nota qu’il avait été repeint en vert, certainement par Amédée. Les sabots du cheval de Paille, à quelques enjambées en arrière, claquèrent sur le bois du pont. Lucas, assis derrière Maurepas, fixait le chemin loin en avant, donnant cette impression étrange d’attendre la venue d’Isabelle. Cette impression durait depuis qu’ils avaient quitté le trois-mâts. Maurepas, de son côté, repassait les derniers jours dans sa tête, il tentait de s’assurer de la réalité de ce qu’il avait vécu. Il rechercha aussi à partir de quand, le désarroi ne l’avait plus quitté. Il n’eut pas besoin de fouiller longtemps dans sa mémoire, son engueulade avec Solange en était la cause. Mais quand l’avait-il perdue définitivement ? Il n’était pas certain, mais déjà après la rencontre avec Myriam, Solange n’avait plus été la même. Elle était devenue plus distante, elle continuait à l’embrasser sur la bouche, à coucher avec lui, mais le cœur n’y était plus. Et leur altercation avait été un point final à leur relation, c’était tout.

Au premier virage, il reconnut le sentier qui menait à l’oliveraie du père de Solange. Il eut le cœur serré. Il devait rester à peine cinq cents mètres avant de rejoindre le centre du village, mais Maurepas prenait tout son temps. En entendant le cheval de Paille boiter, il repensa au déchargement des animaux avec le palan. Il ne comprenait pas comment les chevaux pouvaient supporter avec autant de tranquillité leur passage par les barques. Avec une facilité déconcertante, ils repliaient leurs jambes sous eux et patientaient jusqu’à l’échouage de la barque sur la plage. A partir de là, ils descendaient en enjambant le plat-bord, exécutant cette tâche délicate tranquillement, comme s’ils avaient exécuté un pas de danse.

Le plus surprenant, fut l’absence totale de contrôle des gardes côte, pas même la présence des douaniers qui surveillaient attentivement les débarquements, encore plus en temps de guerre. A quelques encablures, le trois-mâts occupait le centre de la baie, et personne ne s’y intéressait. Il n’aurait pas existé que cela eut été pareil. Les promeneurs qui longeaient le bord de mer ne semblaient pas voir ce gigantesque navire trônant sous le soleil couchant. Ils auraient pu débarquer n’importe quelle marchandise sans être inquiétés le moins du monde. D’ailleurs, Maurepas se demandait quel pouvait bien être leur négoce de contrebande. Les marins n’avaient rien déchargé à part les bêtes et n’avaient pas embarqué non plus le moindre sac. A peine remontés à bord, ils avaient hissé les barques pour repartir aussitôt et disparaître dans la nuit.

Ce voyage retour demeurait pour Maurepas une somme d’incongruités mises bout à bout. Lorsqu’ils avaient quitté la vallée de la Roya, pour rejoindre la vallée de la Girance, Pivoine et Boris avaient disparu l’un après l’autre. Sans un mot, ils avaient quitté la route de Saint-Cernin. Solange avait expliqué que Boris devait se rendre à la Ville Franche pour négocier la vente de son auberge. Pivoine, lui, préférait rejoindre les contamines où se trouvaient stockées les minutions pour en dérober une partie. Solange avait appris à Maurepas que le réel métier de Pivoine consistait à revendre du matériel volé aux armées. Pour sa part, Solange avait délaissé Maurepas au pont qui traversait la Girance pour gagner le village abandonné. Elle préférait la compagnie de la vieille sorcière à celle des crétins du village. De plus, elle ne voulait pas revoir sa famille et supporter leurs questions. Elle avait oublié Isabelle et Madeleine, ne souhaitait aucunement redécouvrir leurs visages, déjà usés par le temps. Maurepas avait dit qu’il la rejoindrait là-haut, plus tard. Il n’avait pas même cru lui-même à ses propres paroles.  Passé le pont, Solange et sa monture s’étaient volatilisées. Pas la moindre brume aurait pu expliquer cet étrange phénomène. Maurepas était resté un moment, tenant son cheval par la bride, hésitant sur la conduite à tenir. Ce fut Petit Pierre qui le prit par le bras et l’incita à monter à cheval. Lucas attendait bien sagement que son frère se place derrière lui.

Lorsqu’ils arrivèrent à hauteur du dernier lacet, juste avant la pancarte qui annonçait l’entrée du village, le brouillard tomba d’un coup, noyant le paysage dans une forme indiscernable. Ce fut au moment de s’adresser à Petit Pierre pour lui dire que ce temps de merde venait d’Italie et qu’il se dissiperait dès les premiers rayons du soleil, qu’il comprit que Petit Pierre avait lui aussi disparu.

– Il a dit qu’il était pressé de rejoindre les Ecarts pour tenir compagnie à son ami Maurice, indiqua Paille, tout en doublant Maurepas.

– Où vas-tu, tu ne connais même pas le village ?

– Je vais là où nous devons nous rendre tous les deux, mon ami. Nous avons rendez-vous avec la même personne.

Incrédule, Maurepas voulut répondre une façon de se moquer, mais les mots ne dépassèrent pas ses lèvres. Lucas tourna la tête vers le visage de son frère.

– Allez, il faut suivre Paille !

Et il prit les rênes des mains de Maurepas pour conduire le cheval.

Ouf ! J’ai eu chaud, un peu plus et je tombais dans le canal de l’Ourcq. Mais heureusement, c’était le canal Saint-Denis, et en plus, j’y étais plus puisque je suis devant mon ordi à écrire des incohérences pour faire rire !

Le plein de bisous et une chocolatine pour les chocos latins !

Terre de feu : épisode 70