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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Vent  debout : cinquième partie 

Episode 52

Le soleil pointait déjà haut dans le ciel, heureusement, les maisons entassées les unes contre les autres dans de petites ruelles, permettaient de garder une température agréable. Isabelle se tourna machinalement vers le clocher de l’église pour avoir une idée de l’heure, seule la grande aiguille existait encore, mais son immobilité ne renseignait en rien sur l’écoulement du temps. Elle était sur le point de passer à autre chose lorsqu’elle réalisa qu’il y avait un sous-entendu dans les propos de la vieille femme qui lui faisait face. Elle paraissait avoir gagné en stature, comme si elle pouvait se déplier pour se grandir. Ses yeux fixaient ceux d’Isabelle, elle semblait sonder les profondeurs de l’esprit de la jeune femme.

– Que veux-tu dire au sujet de Camille et de Solange ?

Elle regretta immédiatement sa question, réalisant qu’elle ne voulait pas savoir, que ce qui s’était passé entre eux n’avait aucune importance et sa sœur aînée avait fait ce qu’elle avait à faire.

– Tu es bien la seule à l’appeler Camille !

– C’est le privilège de la belle-sœur !

– Beau privilège ! Mais revenons à ce crétin de Maurepas. Avec ses lubies de contrées lointaines, il a délaissé ta sœur sans se soucier de son malheur.

– Ce ne sont que des histoires de cœur, vieille sorcière !

Isabelle aurait voulu reprendre les deux derniers mots qui étaient sortis de sa bouche.

– Sorcière, alors tu es comme tous ces imbéciles qui vivent en bas du mont Viale. Je te croyais au-delà de ces croyances.

C’était le cas, Isabelle avait eu une éducation basée sur l’esprit des Lumières et les histoires des villageois la laissaient de marbre. Elle était d’autant plus gênée par l’accusation de la bonne femme.

– Ta sœur, ma belle, elle n’est pas partie, elle s’est jetée du haut du pont, celui qui enjambe la Girance pour la route de Malouin. Et depuis, son esprit hante mon village, alors je lui ai fait un petit nid douillet pour qu’elle se sente chez elle. Voici la raison pour laquelle je vous ai dérobé quelques objets.

– C’est donc toi qui venais rôder la nuit autour de notre maison pour nous chiper nos affaires ! Tu n’es pas une sorcière, tu es une vieille folle qui raconte n’importe quoi !

– Pense ce que tu veux, je n’en ai que faire. Si tu as pris la peine de monter jusqu’ici, ce n’est pas pour m’insulter, je suppose.

– Est-ce toi qui a prêté de l’argent à Lucas ?

– Oui, et il devait me le rendre avant la Saint-Jean, il a tenu parole ! Au prix de sa vie donnée pour l’armée, mais il a tenu parole, je ne l’en pensais pas capable.

– Pour quelle raison est-il venu te voir ?

– Premièrement, il ne voulait pas être en dette envers sa belle-famille, deuxièmement, il avait de grandes idées d’aménagement qui devait faire du rendement rapide. Comme tous les aventuriers, il a mal jugé son affaire.

– C’est à cause de la mauvaise saison, il n’a pas eu de chance !

– Si ça te plaît d’y croire. Mais sache que ton mari est bon à rien en affaires. La prochaine fois, s’il y en a une, tu ferais mieux de t’en occuper. Et enfin, il ne savait pas que Maurepas avait beaucoup d’argent parce que cet idiot de Maurepas vit comme au temps jadis. L’or, on ne doit pas en parler, il faut le cacher. Cet argent, son grand-père et son père, l’ont volé aux paysans qu’ils ont fait travailler à en crever. C’est l’argent du malheur, c’est l’argent de la honte. Ce qui arrive n’est pas cher payé, je te le dis ma belle.

Isabelle n’écoutait plus, elle était déjà en train d’atteler le cheval à la charrette, elle aurait voulu ne jamais être venue, elle aurait voulu être déjà repartie, elle aurait voulu ne jamais savoir.

– Tu ne veux pas partager mon repas ? Nous pourrions bavarder encore un peu. Je te raconterai comment Camille, comme tu dis, a mené la belle vie sur le port des Ponchettes. Comment il a engrossé la fille d’un pêcheur, comment il s’est entiché d’une putain. Ah il est beau le Maurepas ! Tu veux le défendre, mais ce n’est qu’un cochon qui pense avec ce qu’il a entre les jambes ! Ou alors tu as peur que je t’empoisonne ? Il fait si chaud sur le chemin, ma belle, reste encore un peu me tenir compagnie. Tu me parleras de ton amoureux, est-ce qu’il s’occupe bien de toi quand vous êtes dans le lit ?

Isabelle secoua les rênes et engagea la carriole à pleine vitesse dans la descente. Elle n’avait plus qu’une idée en tête, fuir. Fuir au plus vite. Elle hurlait après le cheval pour qu’il accélère. Elle attrapa le fouet et le fit claquer au-dessus de la tête de l’animal, qui affolé s’emballa.

 Aujourd’hui, je propose de faire simple, point de discours alambiqué sur l’infini et le rien, pas d’auteur qui se regarde être auteur, ni de palabres inutiles sur les amis qui ne répondent pas au message sur les pizzas et les merguez, encore moins d’auto apitoiement ni de tristesse concernant les lecteurs trop peu nombreux, donc comme je disais en introduction, la simplicité avant tout : la bise à tous et l’épisode suivant demain !

Vent debout : épisode 53