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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Vent  debout : cinquième partie 

Episode 50

Isabelle était furieuse, elle venait de quitter le sentier qui longeait le canal, elle avait grimpé d’un bon pas à flanc de colline et maintenant elle traversait le pré de Maurice. Elle se contrefichait de ce qui se disait sur Maurice et son fusil. De toute façon, c’était lui qu’elle voulait voir. Le plus tôt serait le mieux. On était en milieu de matinée et la fraîcheur de la nuit protégeait encore le chemin, mais pas le pré. Le soleil donnait à plein, elle fut tout d’abord aveuglée par la clarté soudaine puis saisie par l’air étouffant qui donnait cette étrange impression de ne pas permettre une respiration saine. Elle marqua un temps d’arrêt avant de reprendre sa route. Elle rajusta son foulard qui maintenait ses cheveux et délaça un peu le cordon de sa robe qui resserrait le col blanc. Ses chaussures de marche étaient pleines de poussière et une petite pierre maltraitait son orteil, elle en profita pour les tapoter sur un rocher. Elle reprit sa progression en direction de la barrière qui fermait le haut de la pâture. Tout en marchant, elle se demanda ce que ce crétin de Maurice pouvait bien faire d’une telle richesse qu’il laissait à l’abandon. A plusieurs reprises, les Maurepas lui en avaient proposé un bon prix, mais jamais il n’avait voulu céder. Les autres du village ne s’y étaient pas risqué de peur de se retrouver à affronter les Maurepas.

Lorsqu’Isabelle arriva sur le plateau des Ecarts, au seuil des Bréhou, dominé par le mont Viale, elle trouva Maurice assis sur un tabouret devant sa ferme. Elle fut assez étonnée, il était connu pour courir les bois à la recherche de gibiers et il fallait attendre plusieurs heures avant de le voir débouler sans être étonné de trouver quelqu’un chez lui. Il raclait une peau avant de la mettre au séchoir, d’autres attendaient leur tour, entassées sur le sol.

– Te voilà, je me demandais si tu allais arriver aujourd’hui ou bien demain. A cause de la fatigue du voyage.

Isabelle ne laissa pas déstabiliser par l’accueil presque chaleureux de Maurice. Elle savait que ce n’était pas dans ses habitudes.

– Tu as tué Maurepas pendant mon absence ! hurla-t-elle.

– Pas le moins du monde. J’aurais bien voulu, mais ce crétin a bougé et je l’ai raté. Ton beau-frère est bel et bien vivant. Il est à la recherche de ton amoureux.

– Ça, je le sais aussi et d’ailleurs puisqu’on en parle, est-ce à toi qu’il doit de l’argent ?

– Tu trouves que j’ai l’air de quelqu’un qui prête de l’argent. Tout ce que j’ai, je l’ai payé par mon travail. Cette ferme et le pré, ils viennent du vieux qui m’a embauché et le contrat était simple, fermage contre le lot à la mort du vieux. Et ne va pas imaginer que je l’ai estourbi. Le notaire a fait les choses dans les règles et devant témoins. Le Baraga et Bigeot le chevrier.

– Tu parles de deux témoins ! Mais je n’en ai rien à faire de savoir si tu as procédé dans les règles ou pas…

– Pardon, mais moi si. Tu m’accuses d’avoir tué le Maurepas ensuite d’avoir endetté ton mari. S’il était venu me demander de l’argent et que j’en ai eu, je le lui aurais prêté et sans intérêt en plus !

– T’es un menteur, tu hais les Maurepas !

– Lucas, c’est pas un Maurepas, le seul qui en soit un et qui porte le nom, c’est ton beau-frère. C’est avec lui que j’ai des comptes ! Et lui, j’y prêterai même pas un bouton de pantalon pour faire tenir son falzar !

– Alors l’argent, il vient de qui ?

– C’est pas du village, je le saurais. Mais je parierais bien sur la sorcière de Malouin ! Elle vendrait père et mère contre un ducat. Tu pourrais demander à ta sœur aînée, elle a dû convoler en noces avec cette pourriture de chouette !

– Ma sœur, elle est partie dans les contrées lointaines !

– Et bien alors elle est revenue ! D’ailleurs, s’il avait besoin d’argent ton Lucas, pourquoi il a pas demandé à son frère ?

– Maurepas a de l’argent ?

– Un peu qu’il en a, il est même parti avec ! S’il avait été moins con, au lieu de le cacher dans la grange, il aurait mieux fait de le distribuer. Mais il a honte, c’est des sous qu’il a extorqués aux crétins du village. Ces mêmes crétins qu’ont peur de lui comme s’il s’agissait du Diable en personne ! Je vois que mes propos te donnent à réfléchir. Ton beau-frère, c’est un grippe-sou doublé d’un salaud !

Isabelle était désorientée par les trop nombreuses informations portées à sa connaissance. Ses yeux s’humidifiaient, mais elle refusait que Maurice la voie pleurer. Elle fit un effort considérable pour se reprendre.

– Et tu as fait tout ce chemin pour me parler de Maurepas, tu as perdu ton temps. Tu aurais mieux fait de te reposer, le voyage à Gardérance est fatigant, surtout un voyage pour rien apprendre sinon que Lucas est parti à la guerre !

– Tu jures que tu n’as pas tué Maurepas ? Jure sur la tête de tes parents !

– Mes parents, je les maudis, mais je jure et je crache par terre, si ça peut te convaincre.

C’est le jour du seigneur, on pourrait même dire du saigneur vu ce qu’il a fait à son fils, mais comme c’est que des racontars, finalement, c’est le jour de mon épisode 50 et ça, c’est d’la balle. La bise à tous les apôtres et tous les pôtres qui consultent ce blog !

Vent debout : épisode 51