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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

L’histoire de Paille : cinquième partie 

Episode 49

Thérèse, accompagnée de Petit Pierre, s’était rendue dans le petit village de Varbitsa dépenser leur dernier argent pour acheter des victuailles. Installés derrière un muet en pierre, éloignée de toute ferme, ils avaient établi leur campement et étalé le ravitaillement.

– Il reste combien de jours avant d’arriver à Gallipoli ?

Maurepas était inquiet, l’argent manquait et il commençait à douter. La route était bonne, une route de plaine, mais aride. Aucun couvert pour se protéger du soleil et une garrigue de plus en plus rase résumaient la traversée de la Thrace boréale. Les petits cours d’eau étaient desséchés, il était donc nécessaire de quémander régulièrement dans de petites exploitations agricoles. Et chaque fois, le risque d’être repéré par la police locale ou bien les soldats en déplacements.

– Quatre jours, si nous maintenons notre allure, cinq s’il faut réduire les étapes parce que tu ne supportes pas la chaleur.

– Je ne suis pas le seul à souffrir de la chaleur, hein vous autres ?

Tout le monde regarda Maurepas et se garda bien de dire quoi que ce soit.

– Et les chevaux, ils fatiguent, hurla Maurepas contrarié qu’on le laisse seul affronter Thérèse et ses insinuations.

– Ecoute, commença Boris.

– Toi, je te demande rien !

Il y a eu un long silence pendant lequel chacun s’occupait comme il pouvait pour éviter de relancer la discussion. Petit Pierre vérifiait que la potée préparée par Boris cuisait doucement, pour cela, il réglait la hauteur sur la crémaillère. Solange et Valentin rangeaient la carriole qui n’en n’avait nullement besoin. Boris s’était levé et accompagné de Pivoine ils étaient allés à la recherche de thym sauvage et de sarriette ou de sauge. Paille était resté assis adossé à une souche, il s’occupait à aiguiser son couteau, ce qui n’était pas nécessaire. Il suffisait de passer le doigt sur la lame pour s’en rendre compte.

Ce n’est qu’une fois tout le monde rassemblé autour du feu que Paille continua son histoire.

– Lorsque je suis reparti de l’auberge, j’avais un mauvais pressentiment, il me semblait que j’avais mal agi. Pourtant, les hommes que j’avais tués méritaient leur sort et je pense qu’en leur réglant leur compte, j’ai épargné de nombreuses vies. Ce n’était que des inutiles qui encombraient la terre. Leur méchanceté n’avait d’égale que leur vice. Je n’ai pas attendu pour repartir, je voulais arriver avant le lever du jour et surtout avant que l’enfant ne se réveille.

– Tu ne nous as jamais dit comment il s’appelle, intervint Solange tout en servant les écuelles puisque la potée était prête.

– Petit homme, je ne l’ai jamais appelé autrement. Il avait un prénom puisqu’il avait été baptisé, mais personne ne l’appelait par son prénom. La peur qu’il ne meure. La femme l’appelait mon enfant, le père disait petit homme et les sœurs, notre frère.

Paille tendit son écuelle, mangea un peu, la reposa sur le sol, but une rasade d’eau avec l’outre pour se rincer le gosier et poursuivit.

– Je jure que j’ai couru. Au départ, j’allais d’un bon pas, puis la peur m’a pris et j’ai filé comme le vent. Il faut bien trente minutes pour descendre, vingt pour un habitué des éboulis, un qui sait comment bondir dans les pierriers. On met autant de temps à monter qu’à descendre. Cent fois, j’ai failli me casser la cheville. En dix minutes, je suis arrivé derrière la bâtisse. Tout d’abord, le silence m’a rassuré, j’en ai conclu que l’enfant dormait. Mais ce silence mangeait tout, même la campagne environnante se taisait, pas le moindre bruit de piaillement ou bien un cri d’épervier. Je suis entré par l’arrière et j’ai vu la porte principale ouverte et j’ai su qu’il était arrivé malheur. Je me suis précipité vers le petit lit, l’enfant n’y était plus. Je l’ai cherché dehors toute la journée et la nuit aussi, puis encore la journée d’après. C’est une vieille qui m’a dit, la mère Piplarde comme on disait, une folle qui vivait isolée un peu plus bas. Un homme qui passait avec son chariot a entendu les pleurs, il a appelé et comme il n’y avait personne, il a pris l’enfant et l’a emporté. Je lui ai dit « mais pourquoi tu n’as pas parlé à l’homme ? » « Que veux-tu que je lui dise, que l’enfant est gardé pour un feu follet qui court la nuit pour tuer ses ennemis ? » J’ai pleuré, j’ai frappé la terre et je suis rentré.

– Et le trésor dans la cassette ? Celle qui était enterrée, questionna Petit Pierre.

– J’ai ce qu’elle contient sur moi, à la ceinture. J’ai fait la promesse de la rendre à celui à qui elle revient. Et puis je vous ai attendus.

– Comment ça hurla Maurepas, on n’a plus un sou, on crève de faim et toi tu ne nous donnes pas même une pièce !

– C’est pas mon argent, je n’y toucherai pas et toi non plus !

– Depuis quand on n’a plus d’argent, tu trimballes une sacoche de pièces d’or, intervint Pivoine, le plus calmement du monde.

– C’est le vieil homme qui me l’a prise, échangée contre mon cheval.

– Si tu as échangé cette carne contre tout ton or, tu es un crétin, mais surtout, dans la sacoche que tu as laissé, il n’y avait rien, ton or est sur le cheval de Petit Pierre.

– C’est impossible, le vieux a regardé dans les sacoches avant de…

Mais Maurepas n’eut pas besoin de finir sa phrase. Il venait de comprendre qu’il ne lui avait proposé qu’une épreuve et que l’or n’avait aucune importance dans la tractation qui avait eu lieu. Ce que l’homme cherchait, était avant tout une réponse à ses questions et visiblement, il avait obtenu ce qu’il voulait.

Demain est un autre jour, donc un autre épisode et nouvelle bise !

Vent debout : épisode 50