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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Vent fort : cinquième partie

 

Episode 33

Pivoine, Thérèse et Paille, sur leurs montures, avançaient de front au pas. Ils fixaient loin devant eux un point invisible. Le corps droit, la tête haute, ils dépassèrent une grange juste après le pont de pierre qui enjambait la rivière Trziscica, ils continuèrent ainsi sur un kilomètre, traversant une prairie qui courait jusqu’au pied de la montagne. Les trois cavaliers entrèrent dans le village. Pas âme qui vive. Paille stoppa son cheval, descendit, s’avança vers la première habitation, ouvrit la porte d’un coup de botte et pénétra à l’intérieur. La bâtisse n’était pas haute, il dut baisser la tête. On entendit des cris, il ressortit.

– Ce n’est pas celle-là !

Il poursuivit à pied, tenant sa bête par le harnais, les autres suivaient à cheval. Le claquement des sabots résonnait dans la ruelle.

– Ils ont éteint la lumière à notre arrivée, ce doit être la bonne.

Thérèse et Pivoine descendirent à leur tour de leur cheval, pénétrèrent avec Paille dans la pauvre maison. Paille avait procédé de la même façon, d’un coup de botte. La famille était attablée terminant leur maigre repas, l’homme s’était levé tenait dans sa paume une poignée de pièces d’or.

– Y a pas le compte, dit calmement Thérèse dans un Slovène approximatif.

– C’est tout ce que j’ai. Le reste, ce sont les autres qui l’ont pris, répondit l’homme.

– Ne nous faites pas de mal, implora la femme, ses trois enfants fourrés dans ses jupons.

Paille s’avança, ramassa l’argent, arma son fusil et fit feu. Pivoine utilisa son sabre et Thérèse acheva à coups de crosse.

Une fois dehors, ils continuèrent à pied laissant les chevaux libres. Ceux-ci suivirent à quelques pas. Un homme courut hors de sa maison pour se cacher, il fut fauché par une balle en pleine tête. Pivoine le retourna, fouilla ses poches et ne trouva rien. Il désigna l’une des maisons à Paille et Thérèse. Ils y entrèrent, deux détonations partirent, des cris se firent entendre suivis d’un son mat. Paille ressortit en premier.

– Il en manque encore.

Thérèse pivota sur elle-même, trois individus arrivaient de l’autre côté de la ruelle. Ils chargèrent leurs armes, épaulèrent, visèrent et tirèrent. Pivoine avait patienté, ainsi que Paille et Thérèse. Le premier tir se ficha dans le mur de l’une des maisons, le deuxième blessa l’un des chevaux et le troisième érafla Paille au niveau de la tempe. Après cette attente, un moment de silence, les trois hommes tentèrent de recharger, mais leur précipitation faisait qu’ils perdaient du temps. Pivoine s’élança le premier, il sabra un des hommes à la cuisse, trancha la tête du deuxième et embrocha le dernier par la panse. Thérèse s’approcha de celui qui était encore vivant.

– Le reste, il est où ? dit-elle en montrant l’argent.

– Pitié ! grogna le vieil homme, recroquevillé sur le sol.

– Où ? répéta Thérèse en lui écrasant la jambe là où elle avait été entaillée par le sabre.

L’homme pointa une affreuse baraque derrière lui. Elle tenait debout par l’opération du Saint-Esprit. Paille s’approcha à son tour et termina l’homme en le martelant sa tête du talon de sa botte. Les os du crâne craquèrent sous la violence des coups. Les trois cavaliers remontèrent la ruelle, entrèrent dans la bicoque. Une femme nourrissait un bambin, deux autres raclaient une écuelle dans laquelle il y avait un fond de bouillie de sarrasin accompagnée d’un restant de ragoût.

– L’argent ! demanda Thérèse calmement.

La femme sortit de sa robe cinq pièces d’or et les déposa sur la table. Thérèse arma son fusil, mais Pivoine lui abaissa son arme et ils quittèrent la maison. Une fois dehors, Paille alluma son briquet enflamma une poignée de foin qu’il jeta sur le toit. La masure, faite de planches hors d’âge jointoyées par de la paille, s’embrasa rapidement.

Il ne leur fallut pas longtemps pour rentrer au campement.

– On s’en va, ordonna Pivoine. Les autres habitants ne vont pas tarder à arriver.

Tous avaient anticipé à cause des coups de feu et ils étaient déjà en train de s’affairer.

– Vous avez tout récupéré, demanda Maurepas tout en attelant la carriole.

– Tout, dit Paille.

– Pivone a raison, il vaut mieux quitter les lieux. Surtout maintenant qu’ils savent que ce sont des pièces d’or. Tu es blessé !

– C’est rien, un mauvais coup, par contre le cheval de Pivoine a pris une balle.

Thérèse était en train de l’enlever à la pointe d’un couteau rougi à la flamme. Le cheval ne broncha pas.

– Boris montera avec moi, proposa Maurepas.

– Ce ne sera pas la peine, il va déjà mieux !

– Mais…

– N’insiste pas, intima Paille. Elle sait ce qu’elle fait.

vent fort : épisode 34