Vent fort : cinquième partie

Chose promise, chose due, voici enfin l’épisode 26 !
La stupeur s’empara de Maurepas au moment où il ouvrit les yeux. Tout d’abord la lumière, trop de lumière. Le départ était prévu pour l’aube afin d’éviter la chaleur le plus longtemps possible. Immédiatement, son esprit fut sur le qui-vive. Le silence ajouta à son inquiétude. Il aurait dû y avoir le bruit habituel des préparatifs. Un parfum l’intrigua, il se tourna pour alerter Solange endormie à ses côtés, mais quel ne fut pas son étonnement de découvrir Myriam, nue, collée tout contre lui. Les yeux grands ouverts, elle souriait du mauvais tour qu’elle venait de lui jouer.
– Tu es un amant qui sait y faire, dit-elle en italien.
– Où sont les autres, cria Maurepas en se levant.
Il chercha des yeux les habits qu’il avait posés la veille sur le dossier de la chaise.
– Tu me dois encore un peu de temps.
Myriam se leva dévoilant totalement sa nudité, elle saisit Maurepas par la taille et l’attira à elle. Il tenta de se dégager, mais la fermeté avec laquelle elle le maintenait et son étreinte étaient si fortes qu’elles empêchaient le moindre mouvement. Elle le tira en arrière, le recoucha sur le lit et s’installa à califourchon sur lui. Elle fit tout ce qu’il fallait pour l’exciter, son sexe devint turgescent et elle n’eut aucun mal à l’enfourner dans son vagin. Elle l’embrassa goulûment, il voulut détourner la tête pour éviter le baiser. Elle la bloqua fermement et mordit ses lèvres à sang, puis s’agita sur lui tout en le lacérant de ses ongles. Il essaya de ne pas venir en elle, mais plus il se retenait, plus elle jouissait. Il finit par abandonner et laissa aller. Il la serra tout contre lui, embrassa sa poitrine, puis ses lèvres. Son désir fut revivifié. Ils firent l’amour une deuxième fois. Myriam se releva, s’étira sans aucune pudeur. Son sexe dégoulinait, libérant la semence qu’il avait déversée en elle.
– Tu as payé bien plus que le prix convenu, aussi cette auberge te sera toujours ouverte et tu seras accueilli comme un invité de marque.
Myriam disparut dans le long couloir qui menait aux chambres. Lucas s’écria qu’il voulait ses vêtements, mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Myriam revenait avec une brassée d’habits.
– Pour récompense, voici une tenue qui te permettra de chevaucher dans de meilleures conditions.
Myriam quitta la pièce. Lorsque Lucas fut vêtu, il se mira dans la glace. La paire de bottes en cuir lui allait parfaitement et le long manteau de cuir également et il était suffisamment ample pour ne pas gêner les mouvements. Il descendit dans la salle du rez-de-chaussée, sur l’une des grandes tables, il trouva une miche de pain, une terrine de pâté et un grand bol de café fumant. Il chercha du regard Myriam, ne la trouvant pas, il avala rapidement son petit-déjeuner. Au moment de quitter l’auberge, il fit un tour rapide, mais ne vit personne. Il appela plusieurs fois, puis il se décida à quitter les lieux.
Son cheval attendait au milieu de la courette pavée, sellé et prêt à partir. Il grimpa dessus avec une facilité qui le surprit lui-même et s’y trouva installé confortablement. Il l’éperonna, se tourna une dernière fois puis il quitta le village de Komen. Il galopa un moment pour refaire son retard sur le groupe de ses amis. Plus tard, il reprit le trot pour ne pas fatiguer sa monture. Les vignes étaient nombreuses, après il pénétra à couvert et traversa une petite forêt de hêtres et de sapins, au sortir, il ne remarqua pas l’embuscade et le temps qu’il réagisse, les soldats étaient sur lui et le jetaient bas de sa monture. Un des hommes lui hurla dessus. Maurepas comprit assez vite qu’il avait affaire à l’armée de l’Empereur et que son italien et son français ne l’aideraient pas à se sortir de cette situation fâcheuse. L’homme continuait à crier tout en le menaçant de sa schlague. Le soldat finit par changer de tactique, il s’éloigna et revint accompagner d’un autre type dans un piteux état. Tout en s’adressant au pauvre gars, il désignait Maurepas du doigt.
– Il veut savoir ce que tu fais en territoire ennemi. Est-ce que tu es un espion des Français ?
– Dis-lui que je viens du village et que j’ai dormi à l’auberge.
Les deux hommes échangèrent quelques paroles.
– Il dit qu’il n’y a plus personne et que tu mens.
– Explique-lui qu’il se trompe, j’ai croisé des paysans qui m’ont dit que…
– C’est impossible, je ne peux pas lui dire ça, coupa l’interprète. Les habitants dont je fais partie ont tous été massacrés par ces soldats.
– Mais puisque je te dis…
Maurepas n’eut pas le temps de finir sa phrase à cause du coup de cravache qu’il prit en travers du visage. Heureusement, son bras le protégea ainsi que l’épaisseur du cuir de son manteau. Il remercia Myriam pour son cadeau.
– Ils vont t’exécuter, murmura le prisonnier des troupes hongroises.
– Et toi ?
– Moi, ils me gardent, car je parle français et italien.
– Quel est ton nom ?
– Jacob et toi ?
Maurepas donna son nom puis, après un coup de schlague chacun, ils optèrent pour le silence. Pendant ce temps, un groupe de Soldats se rassemblait. Ils ajustèrent leur tenue réglementaire, ramassèrent leur képi et s’armèrent.
vent fort : épisode 27
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