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SOMMAIRE

Première partie : Une mariée, un mariage et un départ.

Deuxième partie : La malédiction des Maurepas.

Troisième partie : Le vent du large

Quatrième partie : Vent de terre

Cinquième partie : Vent de Guerre (Jusqu’à l’épisode 22 inclus)

Terre de feu : cinquième partie

Episode 66

Maurepas était sur le pont du navire. L’équipage faisait route au Sud pour quitter le plus rapidement possible la mer Egée. Ils avaient contourné l’île au sortir de la baie. Maurepas était pensif, ce voilier le préoccupait, il avait décidé durant la nuit d’aller inspecter la cargaison qu’il transportait. Les chevaux aussi l’intriguaient, chevaux qui n’avaient pas bronché durant leur chargement, hissés au palan. Ils paraissaient attendre eux aussi ce départ en pleine mer, comme une suite normale de chemin qu’ils avaient déjà parcouru.

–  Quelque chose ne va pas ?

Maurepas regarda Solange, il aurait bien aimé discuter encore fois de ce maudit navire, lui expliquer qu’il avait déjà croisé ces marins, mais il savait que Solange se fermerait et le délaisserait pour un prétexte quelconque.

– Je repense à nos amis, mentit Maurepas, histoire de dire quelque chose. Ils auraient pu me parler de leur décision.

– Tu croyais qu’ils avaient regagné leur terre d’origine pour tes beaux yeux.

– Je pensais que nous étions plus que des voyageurs partageant un bout de route.

– Nous étions plus que cela, mais tout a une fin. Et puis, qu’auraient-ils fait dans notre région où ils ne connaissaient personnes.

– Ils auraient pu s’installer au village, là-haut, je leur aurais trouvé des terres.

– Ne dis pas de bêtises, tu sais que les gens du village n’acceptent pas facilement les étrangers !

– Pourquoi ne pas me parler, je ne comprends pas ! s’énerva Maurepas, ce n’est qu’une fois à bord que j’ai compris et toi pour quelle raison ne m’as-tu rien dit ?

– Je le savais pas non plus, mentit à son tour Solange.

– Ils ne t’ont rien dit parce qu’ils n’avaient pas à le faire, c’est tout, dit Pivoine qui s’était approché. On a fini d’installer les chevaux avec Petit Pierre.

– Où sont-ils ?

– Dans la cale.

– Mais j’avais dit…

– Tu avais dit et on a fait autrement, tu ferais mieux d’aller voir ton frère.

– Lucas dort toute la journée !

– Et alors ce n’est pas une raison, tu pourrais le veiller, par respect.

Maurepas se détourna et fila dans sa cabine, rejoindre son frère et surtout se coucher. Il se sentait épuisé, les décisions lui échappaient de plus en plus, il perdait pied et il n’aimait pas être celui qui doit suivre.

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Maurepas ouvrit les yeux. Lucas n’avait pas bougé, allongé de tout son long, entouré de nombreux bandages tel une momie. Il décida de monter sur le pont. Lorsqu’il arriva, personne, pas un marin, ni un de ses compagnons. Le gouvernail bloqué par un coin émettait un petit claquement à chaque fois qu’il arrivait en butée. Le vent était soutenu et gonflait les voiles toutes hissées pour gagner en vitesse. Le navire tirait un long bord pour remonter au vent et doubler l’île de Mykonos. La puissance du vent couchait le bateau et les vagues, heureusement peu fortes, heurtaient la coque et jetaient de l’écume par-dessus le bastingage. Maurepas pensa soudainement aux chevaux se demandant comment ils pouvaient supporter une telle inclinaison. Il redescendit par les cabines, sur l’arrière un escalier de bois conduisait en cale sèche. Il traversa la coursive dans laquelle on avait placé des bannettes superposées destinées à l’équipage, toutes les couchettes étaient vides. Maurepas avait un mauvais pressentiment, il sentait qu’il revivait une situation connue. Au fond du dortoir, se trouvait une lourde porte en chêne. Il manœuvra le loquet à grand-peine, fit jouer les charnières en poussant de toutes ses forces. Il découvrit un long couloir agrémenté de petites lanternes diffusant une clarté légère. On distinguait difficilement les accès des compartiments en bois. Il remonta le couloir, butant plusieurs fois sur les traverses qui renforçaient la structure du bateau. Tout au bout, se trouvait une large porte en arc-boutant. Les chevaux devaient s’y trouver puisque la description faite par Pivoine du lieu correspondait parfaitement. L’un des battants n’était pas totalement refermé et l’on pouvait se glisser aisément entre eux.

Pas de chevaux, mais une terre noire qui empestait la pourriture. Maurepas cherchait dans son esprit ce que lui évoquait cette odeur nauséabonde. Pour quelle raison il associait ces émanations écœurantes à Amédée le Cantonnier. Le bougre n’était pas bien propre et ne voyait l’eau de la bassine qu’une fois par mois, mais ce n’était pas là, la véritable raison, Maurepas le savait. Il s’avança encore un peu en se pinçant le nez. Plus il progressait plus les effluves prenaient les narines et rendaient l’air à peine respirable. Si les chevaux étaient ici, ils devaient être à l’agonie pensa Maurepas. « Les cercueils ! » s’écria-t-il, « Amédée et les cercueils » Il venait de faire le lien. On faisait souvent appel au Cantonnier pour fabriquer « la boîte » comme on disait au village.

Attention ! Zorglub est un gros mangeur de viande, c’est de cette façon qu’il veut nuire à la planète. Il le fait exprès, car sur sa planète y bouffent que des pois chiche ! Et ça fait péter. La couche d’ozone et l’atmosphère empestent le pet ! Quand Zorglub dit qu’il veut faire pet avec nous autres, en réalité, seule l’orthographe nous sauve d’un malentendu !

Une bise sans émanation ni gaz de toute autre nature…

Terre de feu : épisode 67